La figuration humaine désigne la représentation du corps humain. Elle tient un rôle essentiel dans l'histoire de la peinture. L'espace pictural renvoie au support mais également à tout ce qui peut se passer au sein de l'oeuvre, de la scène peinte jusqu'au delà du support, dans un échange entre intérieur et extérieur, dedans et dehors, l'oeuvre et le spectateur.
Ici, le dialogue entre figuration humaine et espace pictural se prolonge par des jeux d'assemblages. Assemblages de plusieurs formats, assemblages de plusieurs modèles, ou assemblages d'idées vont venir créer des effets de décalage, et mettre en route l'imagination du spectateur l'amenant à s'inventer des histoires.
Dès lors, ces peintures, à la manière des cadavres exquis des surréalistes, puisent leurs inspirations à la fois dans les pratiques modernes et contemporaines de l'assemblage, de l'accumulation et de l'installation, tout comme dans les procédés de narrations visuelles mise en place dans les polyptyques religieux à partir de la Renaissance.
L'ecorchee
L'histoire du portrait porte de nombreuses idées communes, dont celle que le portrait d'une personne pourrait révéler l'essence, l'âme du modèle qu'il représente. Depuis les sciences physiognomoniques de la Renaissance jusqu'à nos jours, le portrait est encore utilisé dans les sciences criminels, les photos d'identité et dans l'art, comme le moyen pour identifier une personne, qu'il s'agisse de sa personnalité ou de son aspect physique. Les caméras de reconnaissance faciale utilisées dans les médias de surveillance témoignent encore de l'importance de l'image du visage, comme moyen d'identification sociétale, comme gage de la reconnaissance d'un individu.
Hors, l'image, dans son sens le plus vaste, reste une représentation partielle contredisant largement l'idée du portrait comme représentation fiable ou objective de la personne représentée. Image et portrait sont des représentations aplaties et cadrés qu'il est aisé de modeler et toujours sujettes à interprétation.
A la question que représente le portrait cette série fait le choix d'une réponse très terre à terre : derrière un portrait, il y a la représentation d'un visage. L'intériorité du portrait n'est pas la révélation de l'âme du modèle figuré mais la représentation des apparences d'un visage dont la peau est modelé par la chair et les os, entre autre. Une réponse peut-être déceptive mais ancrée dans des principes visuels et anatomiques dont le véracité serait difficilement contestable.
Dès lors, qu'il soit vu sous tous les angles, de face ou de profil, le portrait devient un objet d'étude, dont sa représentation s'inspire des écorchées anatomiques et scientifiques du XIXème siècle. Cette série, redescend le portrait de son piédestal historique en s'en tenant à un sens strict et en ignorant les vastes sémantiques inhérentes à l'histoire du portrait. Ici, aucune magie, aucune vérité, aucun pouvoir surnaturel, aucune relation entre le modèle et l'artiste, seulement la représentation d'un être mortel. Le portrait est comme mis à nu dans son plus simple appareil.